Février , période de Carnaval, extravagance des costumes, masques somptueux, danses burlesques, personnages bouffons.
La Compagnie Fêtes Baroques réalise des animations, par les personnages de la Commedia dell’arte, des parades et des spactacles de danse sur les rythmes endiablés de la musique italienne, pour une ambiance vénitienne et follement divertissante.
Giandomenico Tiepolo (1727-1804), Le Menuet
La Troupe de la Comédie Italienne
Commedia dell'arte, à Vérone
Soir de Carnaval
Les yeux pers de la Vénitienne sont changeants comme les cieux verts de l’Italie, lorsqu’ils se reflètent dans les glauques canaux.
En face d’un inconnu qui la regarde, le buste droit, tenant les mains contre les hanches rondes, elle danse la Furlana aux tendres inclinaisons, suivies de reflexes rapides.
L’amour »pour l’amour » habite son coeur. Elle est semblable à un grand désir vibrant..
Sous le masque de velours, son souffle soulève le tulle parfumé qui le borde et se relève en une arabesque double, jusqu’aux pointes d’un tricorne d’argent. Ses cheveux aux reflets roux se devinent sous la dentelle légère.
La jupe de satin a des plis nombreux. Ils se moirent de tons furtifs aux lumières vives des lanternes rondes, et ondulent comme les flots des canaux lorsqu’ils bougeaient sous les silencieuses gondoles aux fanaux couleur de topaze et d’émeraudes.
Les jambes de l’Italienne paraissent plus minces sous la soie noire aux mailles fines. Les pieds, dans des souliers à pompons soyeux, sautillent comme des oiseaux heureux.
Les joies battent de l’aile, dans les esprits dispersés en ce soir de carnaval, où tout est travesti, les corps et les pensées.
La Moretta
Casanova écrit dans ses mémoires : « …et voilà une belle femme qui sort avec son visage couvert par un masque de velours noir de figure ovale qu’à Venise on appelle Moretta. L’apparition de ce masque surprit, et enchanta toute l’assemblée, car il était impossible de se figurer un objet plus intéressant, tant pour la beauté de sa forme que pour l’élégance de ses atours. La déesse se met en figure, je l’accompagne, et nous dansons six Furlanes de suite. Me voilà hors d’haleine, car il n’y a point de danse nationale plus violente. »
LA FURLANA : la forlane, danse bruyante des paysans du Frioul, très à la mode parmi les Vénitiens de toutes les classes au XVIIIème siècle.
Anonyme flamand, Sérénade comique, fin du XVI ème siècle. Huile sur toile, 33 x 44 cm. Stockholm.
Carlin
Naissance d'Arlequin
C’est en 1585, que le comédien Tristano Martinelli de Mantoue crée le personnage d’Arlequin à Paris, dans le quartier de Saint Germain des Prés.
Il est avec son frère et sa troupe de passage à Paris après Anvers et Londres. On reproche aux acteurs italiens leur indécence, le manque d’action dramatique, un langage incompréhensible ; il fera de ces défauts les caractéristiques du personnage d’Arlequin en utilisant une langue arlequinesque faite d’un mélange de dialectes italiens. Il pousse l’indécence en revètant un costume moulant, voyant, fait de pièces de couleurs, irrégulières.
Il remplace l’action dramatique par des acrobaties virtuoses et prend le nom d’un diable du folklore français « Hellequin » ou « Hallequin ».
Martinelli revient plusieurs fois à Paris, il joue même devant Louis XIII, en 1620-1621.
A sa mort en 1630, le personnage d’Arlequin devient un type, son costume se fixe sous la forme de losanges multicolores.
D’autres comédiens italiens comme Domenico Biancolelli ou Evariste Gherardi incarnent ensuite le personnage d’Arlequin
Carlin
«Carlin jouait l’arlequin dans des pièces à canevas, qui nécessitent des acteurs spirituels. Ses saillies inépuisables, le naturel et la gaité de son jeu, faisait de lui un acteur tout à fait à part. Quoique fort gros, il avait dans les mouvements une lestesse surprenante ; on m’a dit qu’il étudiait ses gestes, si moelleux et si gracieux, en regardant jouer de jeunes chats, dont il est vrai qu’il avait la souplesse. Lui seul suffisait pour attirer le public, pour remplir la salle et charmer les spectateurs ; quand il a disparu de la scène, la Comédie-Italienne a fini. »
Elisabeth Vigée-Lebrun, Mémoires (1755-1830)